-… Personne ne peut t’entendre hurler petit Tempius. Tu es ici chez moi. Alors dis moi tout… Y a-t-il des pièges dans ton temple ?

Le Tempius couvert de sang qui se roulait par terre se contenta d’acquiescer négativement. A croire qu’il avait compris que pour partir il aurait besoin de ses jambes.

- Non ? Dis toi que si tu me mens je reviendrais te tuer…

Le contaminé qui questionnait le Tempius soupira et sortis de la pièce dont les murs sales était couvert de sang, dont la seule fenêtre était une vitre sale qui ne laissait rien voir de l’extérieur, dont le sol était couvert de poussière et de reste de cadavres de rats morts, dont l’air était lourd et irrespirable. Bobby sortis de cette salle en laissant pour mort l’homme qu’elle contenait. Le Tempius parvint à hurler une dernière fois lorsque le bruit sourd de la porte métallique d’un ex-garde manger le fit presque taire, le privant de lumière et de tous les bruits extérieurs.

Pour se rendre dans le temple il suffit juste de traverser la forêt en direction du nord. C’est ce qu’il avait pus obtenir au bout de deux heures d’interrogatoire bestial. Ce matin il s’était levé en se disant qu’il était temps de faire parler de lui et une attaque envers le temple Tempianus lui avait paru être d’une assez grande envergure pour qu’on en parle pendant quelques jours, voir quelques semaines. Il ne servait à rien de s’attaquer directement au QG des Wrist car il se ferait tout de suite contrer. Le temple serait une mise en bouche.
Il n’avait suffit que de quelques jours pour faire circuler la rumeur de l’attaque du temple Tempianus parmi les contaminés. Bobby ne souhaitait pas que ça ne s’ébruite trop car il risquait d’arriver aux oreilles avisées des Tempius. Il parvint à faire réunir un certains nombres de contaminés pour leur proposer d’investir le temple. Ils n’étaient guère convaincus qu’une telle attaque puisse leur apporter quoi que ce soit, aussi, la question qui revint à plusieurs reprises fût celle de ce qu’ils avaient à gagner à faire ça. Bobby n’eut guère de mal à trouver un argument convaincant pour y répondre :

- Vous mangerez à votre faim…

Avait il dit avant de s’avancer parmi la foule de contaminés. Beaucoup le suivirent directement et d’autre restèrent sur place à réfléchir avant de le suivre aussi. Ils traversèrent les bas fonds sans faire de rencontres particulières. Quand ils arrivèrent à la lisière de la forêt, beaucoup reculèrent. Ils savaient qu’à l’intérieur tout était différent. Dans la forêt il y avait des contaminés plus animaux qu’humain… Bobby continua à marcher…

Depuis une semaine, une rumeur court. Oh, ce n’est qu’une rumeur, mais en général, les rumeurs ont toujours un fond de vérité. Et cette rumeur est trop folle pour être fausse.


Alessia était toujours un peu perplexe. Une attaque contre les Tempius, ces sombres fous qui vénéraient sa race comme des élus sanguinaires qui apporteraient le bien dans ce monde dévasté. Elle avait toujours eu du mal à comprendre leur point de vue, mais de là à aller les massacrer… Pourquoi ne pas s’attaquer aux Wrists où aux Katars, qui sont des peuples hostiles aux siens ? Bien sûr, c’était une mission suicide de se lancer dans un programme de ce genre, mais elle ne voyait pas l’intérêt d’attaquer le seul peuple qui ne les méprisaient pas. Intriguée, donc. Elle décida quelques jours avant de se rendre au point de rendez-vous pour voir ce qui allait se passer. Quant à participer aux combats, elle verrait quand elle y sera. Autrefois, simplement penser à attaquer des Tempius l’aurait dégoûtée. Après tout, sa famille résidait là-bas. Mais que dire d’une famille qui renie ses enfants parce que leur petite fille est une Contaminée ? Surtout quand ces personnes elles-mêmes assurent vénérer les Contaminés comme des envoyés de Dieu. Elle tournait et retournait le problème dans sa tête depuis qu’elle avait entendu la rumeur. Et elle était si absorbée dans ses réflexions qu’elle en oublia d’aller travailler. Replonger dans ses souvenirs lui était douloureux, et la laissait toujours de mauvaise humeur. Obnubilée par cette question, elle eut du mal à ce concentrer et faillit se faire tuer une fois lors d’une mission de routine. Ce fut donc irritée et affamée qu’Alessia arriva au point de rendez-vous. Et découvrit une foule bien plus importante qu’elle ne l’avait imaginée.

Elle salua vaguement de la main un habitant de sa rue qui se trouvait là aussi. Tout autour d’elle se trouvaient des Contaminés qui, eux aussi, se posaient des questions. Elle réajusta son écharpe pour qu’elle masque son nez, car l’odeur qui se dégageait de l’attroupement était trop forte pour elle. La plupart des gens qui l’entouraient ne parlaient que de nourriture, et elle sentait son ventre gargouiller de plus en plus fort. Dans un coin, un début de bagarre démarra, mais il fut bien vite arrêté par l’arrivée de l’homme à l’origine de tout ce trouble.

Il s’avançait d’un pas sûr. Un peu moins de la trentaine, les cheveux noir de jais, la peau très pâle, il dominait ses voisins de quelques centimètres. A côté d’elle, certains se mirent sur la pointe des pieds pour l’apercevoir. Elle n’en avait pas besoin. Il resta très calme face aux Contaminés qui s’agitaient à côté de lui. Et à une question qu’Alessia n’entendit pas, il répondit d’une voix grave et forte :

-Vous mangerez à votre faim…

Aussitôt la plupart des Contaminés sourirent en découvrant toutes leurs dents pointues, et se mirent à sa suite, quelques-uns ricanant déjà à l’idée du sort qu’ils réserveraient à ceux qui se mettraient en travers de leur chemin.

La traversée des Bas-Fonds se fit sans incidents. La troupe avançait vite, poussée par la faim et l’excitation. L’homme qui marchait à côté d’Alessia ne cessait de dire "Vivement qu’on mange !" et il énumérait toutes sortes de recettes toutes plus sanglantes les unes que les autres. Dégoûtée par son monologue, elle s’avança plus loin dans la file, arrivant dans les premières têtes. Ils ne tardèrent pas à arriver au bord de la forêt. Personne n’ignorait ce qui y vivait et on évitait en général de se rendre là-bas, quand on était sain d’esprit. Mais après tout, qui a déjà qualifié les Contaminés de sain d’esprits ? L’homme, dont elle ne connaissait toujours pas le nom, n’hésita même pas avant de franchir les premiers arbres. Alessia savait qu’il fallait passer par la forêt pour arriver au temple –elle avait souvent entendu ses parents se disputer à ce sujet-, mais cette perspective ne l’enchantait guère. Elle s’engagea quand même dedans, sans perdre de vue le dos du « guide » du groupe. Elle fut rapidement suivie par les plus intrépides –ou les plus fous- des Contaminés, tandis que d’autres hésitaient toujours à entrer dans les bois.

Alessia avait depuis quelques temps adopté un pas rapide mais silencieux, et elle restait à l’affût des bruits qui provenaient de la forêt. Malheureusement, les autres n’étaient pas aussi discrets qu’elle, et elle craignait que quelque animal sauvage –ou pire- ne fut dérangé par le raffut du groupe en marche. Et ses attentes ne furent pas déçues. L’attaque provînt du milieu du groupe. Elle fut d’abord annoncée par quelques cris, puis par des coups de feux et le chuintement des sabres sortants de leurs étuis. Aussitôt, tout le monde prit son arme à la main et se jeta dans la bataille. Alessia ne dérogea pas à la règle. Les deux pistolets en main, elle visa vers les assaillants. Et commença à tirer.




[Voilà voilà, j'espère que ça te convient !]

C'est très bien, je vais attendre que d'autres personnes répondent, d'autres contaminés!

Assise un peu en retrait en haut d'un pan de mur à moitié écroulé, Zéro observait avec méfiance l'attroupement de contaminés qui se formait au "point de rendez-vous", tout en se demandant ce qu'elle fichait ici : à tout les coups, l'un d'eux allait péter un câble vu l'odeur de sang qui flottait dans l'air, et ça allait finir en boucherie (Quoique ça ne la concernerait sans doute pas, car elle prendrait sans hésitation la poudre d'escampette si les choses tournaient mal : elle avait choisi sa position en altitude exprès pour se garantir une fuite rapide en cas de pépin). Voyant que celui ou celle qui les avait fait se rassembler ici n'arrivait toujours pas, elle s'adossa un peu plus confortablement aux moellons pourris, tentant de rassembler ses pensées et de comprendre comment elle s'était retrouvée embarquée dans cette histoire.

D'abord, il y avait eu le froid. Pas un froid qui provoque quelques frissons et disparait, non, un froid pervers, collant, qui s'insinuait partout, gelant ses os et la tourmentant jour et nuit. Il avait recouvert les champs d'un épais manteau blanc, comme une mortelle couverture, l'empêchant de rester tapie pendant des heures comme elle avait l'habitude de le faire.

Ensuite était venue la faim.

Le gel avait privé la jeune fille d'une source de nourriture considérable : les petits animaux et les plantes comestibles qui constituaient une bonne part de son alimentation étaient morts ou cachés sous terre, et chasser seule le gros gibier de la forêt revenait à se tirer soi-même une balle dans la tête.
La solution la plus facile aurait été de retourner au cannibalisme, mais Zéro répugnait à y recourir après tous les efforts qu'elle faisait pour se contrôler. Acheter sa nourriture aurait éventuellement été possible, car une poignée de passifs s’aventuraient régulièrement en territoire « civilisé » afin d’acheter (ou de voler) des aliments comme des citoyens normaux puis de les revendre à d'autres passifs. Seulement, la dangerosité de l’opération mettait le moindre morceau de pain à un prix prohibitif, et elle n’avait pas assez d’argent pour se le permettre : quand on était contaminé, la source de revenu principale était de faire les poches des cadavres, ce qui ne rapportait généralement pas grand-chose. On pouvait aussi faire des petits boulots consistant généralement à réguler la population (Bel euphémisme !) des bas-fonds, mais c’était là aussi extrêmement risqué car on devait souvent combattre seul plusieurs contaminés agressifs.

Alors, quand elle avait entendu parler de l'attaque contre les Tempius, elle avait sauté sur cette occasion de traverser la forêt sans risquer grand-chose pourvu qu’elle sache être rapide et discrète. La jeune fille savait que le temple était entouré d’autels destinés à recevoir des offrandes, qui seraient sans doute comestibles pour la plupart : elle avait donc décidé de profiter de la confusion qui règnerait pour remplir son sac au maximum, puis elle s’aventurerait à l’intérieur. N’ayant pu rassembler que peu d’informations sur ce qu’elle y trouverait, la suite dépendrait de nombreuses choses : si les adeptes portaient tous les même vêtements, elle s’arrangerait pour en voler et passer ainsi relativement inaperçue dans la panique. Sinon, eh bien elle improviserait : sa vie n’était plus qu’une suite d’improvisations, de toute manière…

Soudain, le bruit ambiant se fit plus fort, et Zéro releva la tête : un grand homme aux cheveux noirs curieusement longs avançait au milieu de la foule. Sans savoir pourquoi, elle fut certaine que c’était celui qu’ils attendaient ; peut-être parce que malgré son air calme, quelque chose irradiait de lui, quelque chose de malsain qui la fit frissonner. Ses soupçons se révélèrent fondés, car les contaminés les plus proches de lui se mirent à le harceler de questions, auxquelles il répondit par seule phrase, prononcée d’une voix forte afin que tous puissent l’entendre :

- Vous mangerez à votre faim…

A ces mots, la foule exhiba ses crocs, et tous se mirent en marche. Zéro sauta avec agilité de son bout de mur et suivit le mouvement, évitant avec soin de se trouver trop en arrière.

Lors de la traversée des bas-fonds, d’autres contaminés se joignirent à eux, augmentant encore la taille du groupe, puis la forêt arriva en vue ; un peu trop vite au goût de la jeune contaminée qui commençait à se sentir un peu mal à l’aise. Hésitant d’abord à s’engager sous le couvert des arbres, elle décida finalement de grimper à quelques mètres au-dessus du sol afin de se sentir un peu plus en sécurité. Une fois en hauteur, son assurance lui revint : elle passait sans grande difficulté de branche en branche, ne perdant pas le groupe de vue et évitant de le dépasser. Alors qu’elle sentait un peu mieux, des cris retentirent du milieu du groupe, surprenant Zéro qui faillit tomber. On les attaquait.

Attrapant un de ses Tris (mieux valait garder l’autre pour plus tard), elle s’assit sur sa branche et visa soigneusement un premier assaillant, le laissant à la merci des autres contaminés une fois immobilisé. Mais sentant soudain son sang bouillir dans ses veines, elle sauta sur un des attaquants sans se rendre compte de ce qu’elle faisait, lui tranchant la gorge avant qu’il n’ait compris qu’il avait quelqu’un sur le dos. Puis elle courut vers le groupe, distribuant les coups de couteau à l’aveuglette avant de s’arrêter à côté d’une fille aux cheveux blancs qui tirait sans discontinuer.